Quand pour l’enfant

Quand pour l’enfant

Quand l’enfant grandit dans un monde où règne le bien, un monde où il apprend ce qui est bien et ce qui est mal et quand, au nom du bien, il voit des hommes faire du mal, il ne sait plus ce qui est bien ou mal.

Quand pour son bien, on lui fait mal, on le frappe, on l’ignore et on l’insulte, il se replie, se renferme et s’oublie.

Quand pour le bien, on tue, on égorge, on viole, on éventre, on écartèle et on démembre, son regard se vide dans le néant, le gouffre de la confusion.

Quand pour le bien, on désigne l’autre comme le mal et qu’on enferme, on emprisonne, on bâillonne, on assassine et on tue, son souffle s’éteint comme une bougie dans l’obscure noirceur de l’abject.

Quand pour le bien, on chasse, on érige des murs, on construit des forteresses et on pose des barbelés, le ventre de l’enfant se noue, comme le nœud coulant du pendu qu’on assassine.

Quand pour le bien, les mots disent le mensonge, le corps de l’enfant se ferme. Son cœur se résigne à la prison des normes.

Alors, l’enfant attend.

Il attend une main douce, sur sa joue.

Il attend un regard, tendre et profond, pour lui rappeler que son âme brille encore en lui, flamme légère.

Il attend la tendresse des mots, ceux de l’amour, ceux qui viennent réparer, panser, guérir des “il faut”, “c’est pour ton bien”, “c’est mal”, de toutes ces injonctions qui laissent des traces et de toutes les cicatrices qui suintent sa peine et sa douleur.

Il attend l’amour, ce flux sacré, ce nectar divin, qui coule, comme une source claire, pour abreuver les êtres de cette Terre.

Buvons cet élixir ! Laissons les larmes couler et nous laver ! Baignons-nous dans les ruisseaux, les rivières, les lacs, les mers et les océans ! Avec délectation !

Pour jouir à l’infini !

22 mai 2022