Le sommet m'accueille.

Le sommet m'accueille.
Me voici entouré de l'immense mer de montagne. Des vagues immobiles et puissantes, géantes de pierre, fossiles d'un autre temps m'ouvrent l'esprit. Assis sur la roche atour de moi quelques touffes de végétation habillent le minéral. Dans les airs, les hirondelles fendent l'air. Les voilà tout autour de moi exécutant un ballet majestueux aux figures acrobatiques impressionnantes. Dauphins de l'éther, elles se nourrissent en virtuose du mouvement.
Devant moi, l'alpage s'étale. Vaste pelouse jaunie par le soleil et le vent de l'été, elle est une pelure d'or, un manteau de lumière qui couvre la montagne.
Plus bas, la vallée s'étire, dans une vaste cuvette, le creux d'une main de géant qui a la bonté d'accueillir la vie. Le damier des champs dessine une mosaïque de couleurs, rappelant qu'en bas vivent des humains.
Sur les pourtours de cette main, les forêts, forment un écrin de tapis aux nuances de vert. Partant de l'intérieur et s'élevant vers les bords, des montagnes intérieures se dressent comme des gardiens. Plus sur la gauche, vers le sud, le mont Ventoux ressemble à une barrière infranchissable.
En dessous de moi, dans une faille qui entaille l'alpage, une hêtraie rougie par la sécheresse, laisse le troupeau de mouton s'échapper de son ombre. J'entends les sonnailles et les bêlements des brebis. Déchirant le calme de ce monde, le cri du berger dirige les animaux vers une direction qu'il a choisie.
A quelques mètres de moi, la légèreté du vol d'un papillon blanc et noir contraste avec la sécheresse du lieu. Dans cette mer de terre, notre humanité se réveille fragile et puissante.
Des questions me traversent sur ma vie et son sens. Comme une réponse, les hirondelles reviennent au-dessus et autour de moi. Elles surfent l'air et le vent. Je sais qu'en bas dans le creux de la vallée, mes proches se réveillent. Une journée s'ouvre à eux.
Derrière moi, dans le vide, la falaise, un sifflement me surprend. Brisant le silence, les ailes du vautour fendent l'air. Planant et jouant avec les pulsations des courants, en voilà un, puis cinq qui rasent le sommet. L'un d'eux revient, les ailes déployées, il est immense et je le regarde, dans la lumière du soleil d'un matin de la terre
Alors s'ouvre en moi cette puissante douceur d'être un humain sur cette planète et je me prends à espérer que nous trouvions le chemin de nos esprits pour en savourer la magie et la poésie.
Août 2020