Heure de gloire

Heure de gloire

 

Des flammes du monde naissent

Des démons habiles, qui rient

De la pâleur blafarde des âmes,

Endormies, éteintes, sans flamme.

 

Elles oublient les cris de douleurs

Des humains qui se tuent, ennemis,

Perdus et fous, armés de fusils tueurs,

Qui déchirent les chairs d'anciens amis.

 

Que s’arrête cette folie, ce carnage,

Ou ivres, sanguinaires, pleins de rage,

Des êtres hagards, dociles et terrifiants,

Offrent leurs tripes et leur sang luisant.

 

La haine étouffe les cœurs comme un fer

Entourant et serrant leurs esprits vides.

Ils semblent perdus, saouls et fous à faire

Cette immonde guerre, farce de chairs avide.

 

Quel horrible théâtre que cette scène

de corps découpés, hachés, brûlés, estropiés.

Des médailles de métal : pacotille obscène;

Récompense et cadeau puéril des rescapés.

 

Que les mots, ici, ne stoppent pas la peine,

mais arrêtent le mépris et la folie,

Car tout ceci est vain, sans drôlerie,

Marquant cœurs et corps de tristes œdèmes.

 

Alors, chante la vie, honore l'esprit,

Laisse l'amour couler dans ton lit.

Le temps d'une vie mérite du soin,

De la douceur comme un bébé au sein.

 

Mère ! Dis Non ! Stoppe, arrête ton fils qui part tuer.

Ton ventre a porté un cadeau à la vie.

Refuse ce destin. Ta colère est un cri.

Ton sexe fait pour enfanter et aimer, pas pour tuer.

 

Père ! Laisse tes larmes couler de tes yeux.

La vie a jailli de ton sexe et de ton cœur ;

A enflammé un être pour, qu'à son heure,

Il chante, rit et danse l'infini des cieux.

 

Femmes, amantes, compagnes et concubines !

Dénoncez leurs mensonges et leurs combines !

La guerre justifie les meurtres et les assassinats.

Dites la vérité : pas de paradis, point de nirvana.

 

Les hommes, sont-ils des chairs à canon, un sacrifice,

Nés pour détruire, tuer, briser, martyriser et abattre

Les cœurs des mères, des pères, des filles, des fils ?

C'est l'heure de la voix de la vie, pas de se battre.

 

Pas de nation à servir, pas de pompeux héros morts.

La vie est précieuse, miraculeuse, sans l’idolâtrie.

Des patriotes amoureux d'une chimère, à tort,

A se croire glorieux, les voilà morts pour la mère patrie.

 

Récompensés de noms gravés dans la pierre des monuments

Aux morts, pour le mensonge et la folie,

De frères humains emportés dans une tragédie

De tuer pour un Dieu, un Roi, un pays et endurer mille tourments.

 

Le sens de la vie, c'est de vivre.

Pourquoi donner son âme et son corps ?

Faut-il être fou ou ivre,

D'oublier que la vie, c’est de l'or ?

 

Caporals, colonels, soldats, militaires, mercenaires

Rappelez-vous ! La vie quelle fragile et fabuleuse étincelle.

Dites non aux ordres donnés par ceux qui tirent les ficelles,

Deviennent milliardaires et vous emportent au cimetière.

 

Sergents, généraux, soldats, militaires, mercenaires,

Partez ! Allez dans les forêts et les champs.

Courez ! Votre tendre bien-aimée vous attend.

Faites l'amour ! Baignez-vous dans les rivières.

 

Aimez-vous ! Embrassez-vous ! Encore ! Encore ! Encore !

Sous la lune, les étoiles, les galaxies et le ciel.

Aimez-vous à en perdre la tête, à en perdre le Nord.

Jouissez ! Encore ! Envolez-vous au septième ciel.

 

Jetez vos mitraillettes, des jouets meurtriers !

Laissez tanks, avions, bateaux et bombes !

Partez à pied, à vélo : voilà vos destriers !

Pédalez ! Écoutez le bruit des tombes.

Celles des hommes, des femmes, morts pour rien.

Des cris de ceux tombés, pire que des chiens.

Écoutez-les ! Ils vous hurlent d'aimer !

Votre heure de gloire arrive, celle d’aimer.

 

Jean-Guillaume Bellier

11 novembre 2022